Il semblerait que les conditions de mer rencontrées fussent, cette année, particulièrement mouvementées. Mais, c’est de toute évidence, exceptionnel, cela peut-il en être autrement d’ailleurs, n’est-ce pas ?

Donc compte tenu de ces aléas météo certains éléments du bateau n’ont pas supporté les contraintes auxquelles ils ont été confrontés.

En premier lieu la platine de support du hale-bas rigide. Elle s’est littéralement arrachée du pied du mât. Les 10 rivets pop, changés en septembre lors du démâtage technique effectué après le coup de vent subi au large de Barcelone, ont vu leurs têtes sectionnées, le corps des rivets restant bien en place dans le mât ; pourtant des rivets de diamètre 6 mm. La seule explication logique que j’ai trouvée est la surtension que j’ai appliquée avec le frein de bôme qui tirait trop parallèlement au hale-bas. Je vais repositionner le frein de bôme plus en avant au niveau du point fixe et de la poulie de renvoi à l’opposé. Je suis par contre très satisfait de ce freinage de bôme. Il n’empêche pas l’empannage incontrôlé, au contraire, mais lui permet de s’effectuer avec une relative douceur. Mon frein est réalisé avec un 8 d’escalade et fonctionne donc très bien. Une remarque : utilisez un bout de qualité relativement souple, le mien était trop rigide et gardait la forme du 8 après étarquage.

Deuxième problème, et non des moindres, le pilote automatique SPX5 Wheel de Raymarine. Il est très nettement insuffisant pour une utilisation 24/24 h dans des conditions musclées. Il est donné pour un bateau de 7 tonnes à 7,5 tonnes. Notre Dufour pèse à vide 4,8 t et je ne pense pas avoir embarqué 2 tonnes de matériel, tout plein fait. Je vais donc changer l’unité de puissance car la solution d’un vérin hydraulique m’oblige à des travaux importants et un coût non négligeable. Je me pencherai sur ce problème une fois rentré à la maison, en espérant qu’il tienne la traversée de retour.

Troisième souci, le régulateur d’allure construit et installé dans la précipitation du départ n’a pas pu être suffisamment testé avant. Nous avons à plusieurs reprises testé dans différentes conditions et allures avec des résultats divers mais, pour ce qui nous concerne peu probants. Ce n’est ni la conception ni la réalisation qui sont à la peine, au contraire, elles ne souffrent d’aucune critique particulière, c’est l’installation sur le bateau qui a fait défaut.

Tout d’abord il faut savoir qu’un régulateur d’allure nécessite un réglage des voiles très précis, le bateau doit être capable de garder son cap un certain temps sans aucune intervention, sans partir à gauche ou à droite. Il faut reconnaître que nous ne sommes pas des stakhanovistes du réglage « aux petits oignons », nos amis régatiers pourraient nous dire « peut mieux faire ».

D’autre part, certains tests effectués par petit temps mais avec mer agitée voire très agitée ont mis en évidence les perturbations importantes qu’occasionnent les panneaux solaires prolongés par le mini bimini. Il faudrait concevoir un aérien plus grand et surement en tester plusieurs pour trouver la bonne dimension. Nous ne sommes pas équipés pendant ce voyage pour ce type de travaux.

Quant aux tests dans des conditions de vent soutenu et avec toujours cette mer agitée, ils ont rapidement été écourtés car le safran du régulateur était coincé lors des gites successives du bateau par la plateforme arrière, insuffisamment découpée, et exerçait une pression inquiétante sur le tableau arrière qui gondolait au risque de craquer, de casser et de créer une voie d’eau avec les vagues qui nous poussaient à l’arrière. La solution serait de démonter la plateforme et d’effectuer des tests. Ce n’est, là non plus, le moment d’entreprendre un tel démontage, où pourrions-nous stocker la plateforme ? Donc, le régulateur reste en place comme élément de décoration, à moins que je le démonte pour stocker l’annexe.

Enfin la VHF n’est quasiment pas opérationnelle en émission 25 watts sauf à couper tous les consommateurs du bord. Je pense que le câblage est insuffisant et cela m’a d’ailleurs été confirmé par un pro sur le Marin (Tillikum). Le chargeur de batterie 12V, 12A, est maintenant un peu juste pour charger correctement et rapidement le parc de batteries.

Ce qui a bien fonctionné, le frigo, merci Marc. Même à thermostat réduit nous avons pu conserver du frais et garder les bières à bonne température. Toutes les épissures made by Gwenaël ont parfaitement tenu, merci fiston. L’ordi pour la navigation ainsi que l’AIS ont été performants. Les 3 batteries neuves (330 A) ont rempli leurs rôles puisqu’ elles ont permis l’utilisation du pilote (quand il fonctionnait la nuit), de l’ordinateur 24h/24, du frigo 24h/24. Se sont les plus gros consommateurs. L’Iridium a été très utile pour recevoir les messages importants et pour transmettre la position.

Enfin, les panneaux solaires, 2x70 watts, sont juste suffisants pour compenser la consommation du jour mais pas de la nuit. Au bout de 2 jours notre déficit d’énergie s’élevait entre 50 et 60 Ah, d’où la nécessité de faire tourner le moteur pour recharger les batteries. Il faudra repenser le système de production, soit par un hydro générateur, soit un générateur diesel.

Voilà quelques remarques après 5 mois de navigation et des escales exclusivement au port. Nous allons maintenant pratiquer beaucoup plus de mouillages et nous ferons surement de nouvelles observations techniques.

A bientôt